Atelier

C'est pourtant joli Bernard comme prénom

Le livre

Ouvrage collectif

Paru en Décembre 2005

ISBN: 978-2-9523476-2-4

7,50

C'est pourtant joli Bernard comme prénom

Quinze nouvelles sur le thème du «meurtre presque parfait».
Quinze auteurs pour voir l’autre côté.
Là où les nouvelles sont bonnes. Sauf pour Bernard ! 


Extraits: 

(...) la messe du dimanche en Calabre, c'est comme un contrat que l'on passe avec le Seigneur, quasiment dès la naissance, le jour où l'on reçoit sa médaille gravée à son nom. Celle qui ne vous quitte que lorsque vous terminez dans une boîte en sapin.
Géraldine Pfister – Une question d'honneur

(...) Le gamin de ses rêves, il faudra qu’elle lui trouve un autre père. Je lui tourne le dos et me concentre intensément pour me transformer en hérisson. Quelque chose a dû foirer dans la formule, parce qu’elle vient quand même se blottir contre moi.
Ingrid Rajaomanana – Pas de fumée sans feu

(...) Chambre 476, au deuxième étage au fond d’un couloir, à droite. Pourquoi lui avoir attribué ce numéro ? Je me pose trop de questions, tu délires Bernard, qu’est-ce que cela peut bien faire, (...)
François-Laurent Josué – Si seulement cette nuit nous pouvions dormir

(...) J'entrouvre la porte du bureau : Bernard est occupé à consulter un dossier. Il se retourne et a un sursaut en me voyant. Cela se comprend ! - Mais, mais, que faites-vous là ? Qui êtes-vous ? Je me régale de son expression, formidable mélange de surprise, de colère, d'inquiétude et de perplexité.
Marielle Septima – Festival

(...) Bien plus tard, alors que les violons réglaient leurs désaccords à l’amiable, que les bois finissaient de se suçoter les hanches, arrive au milieu de l’allée centrale une grand-mère à l’œil espiègle et à la démarche conquérante quoique approximative. Ses longues jambes légèrement courbées avaient un jour dû être droites, les imaginer avantageusement galbées relevait de l’inconcevable. Quant à sa taille elle avait cessé d’être un objet de convoitise pour n’être plus qu’un nombre à trois chiffres.
Philippe Vieille – Parle pas de Mahler

(...) Non, vraiment, elles sont trop bêtes ces princesses. C’en était trop quand par hasard j’ai surpris ma petite sœur Caroline couchée sur son lit, dans la position de la « princesse qui dort », en train d’attendre son prince charmant. On a sonné à la porte, c’était le facteur. Raté. Elle s’est mise à pleurer et m’a avoué, entre deux sanglots, son désespoir de ne pas assez ressembler à Belle avec les cheveux de Cendrillon et la robe de Blanche neige, que Caroline c’était pas un nom de princesse (et toc!) et que ce n’était vraiment plus tenable car elle avait perdu son chausson tout vert…
Corinne Doche-Cros – Elles sont connes ces princesses

(...) Car notre Cunégonde, derrière ses lingeries citadelles, ses efficaces mâchicoulis de soie, ses surplombantes échauguettes de dentelles, cachait, insoupçonnée dans ce corps montgolfière, une âme très légère à la sensibilité surprenante!
Bernard Hennion – La Balance

(...) Il rentre le soir à la maison. Il rentre tous les soirs. A la même heure. Il jette ses clés sur le guéridon de l'entrée, il jette ses chaussures dans le placard, il jette sa veste sur le porte-manteau et il vient jeter un coup d'oeil à la cuisine.
Pascal Martin – Des yeux dans le bouillon

(...) De même, les annotations n’étaient pas en marge (après tout, jamais monsieur Hatier n’était en marge de quoi que ce soit, et surtout pas de la réalité) mais à l’intérieur même du texte, dans mon imagination, longs traits rouges rayant les mots, cordes couleur sang censées me faire remonter vers le réel. Et qui se terminaient sans le moindre doute par des nœuds coulants…"
Julie Decottignies – Sans titre

(...) Jusque là, la vie m’avait donné raison. J’avais encore des amis d’enfance, mes parents et un intérêt pour le monde qui m’entourait. Tout a bien changé, depuis. Mais qu’est-ce qui ne change pas, avec le temps ?
Guillaume Ruiz – Amour accidentel

(...) Il y avait du foot à la télé. Et pas n'importe quoi : Paris Saint Germain contre le Real. Et ça comptait pour la finale. Ma bière et moi, on n'en a pas perdu une miette. Première mi-temps : égalité, deux buts de chaque côté. Je jubilais. Pendant la pause publicité, je suis parti me chercher à manger. Au fond du congélo zonaient quelques trucs innommables. Je les ai jetés. J'ai ouvert le frigo, prendre la dernière bière. Jusqu'ici, tout marchait impeccable. C'est là qu'on a sonné à la porte d'entrée. En allant voir, j'ai laissé la canette sur la table...
Léo Lamarche – Tempus fugit

(...) Ils l’ont coupée. Ils ont enlevé leurs dents et scié leur petite main et m’ont recousue, comme si la bouche de mon estomac avait dit trop de gros mots et qu’il fallait l’empêcher de parler à nouveau ou de régurgiter mes sœurs. Ils ont fait une croix sur elles et les ont mises ensuite entre parenthèses pour les oublier.
Sophie Dabat - Pousses de Papyrus

(...) Les imprimeurs prirent soin de moi. Ils m'enveloppèrent dans une couverture de papier et me couvrirent de baisers d'encre. Mes pages assemblées frissonnaient de se sentir si proches les unes des autres, et lorsque la couverture cartonnée vint finalement m'emballer, je laissai échapper un petit rire.
Charlotte Richard – La guerre des mots

(...) Comme je n’ai pas de motte de beurre, je décide de cacher mon pistolet entre deux tranches de pain français, un peu de verdure et du pâté crème, histoire de donner le change. Les deux policiers de faction se retournent pour admirer le massif de bégonias de Ron. C’est le moment, c’est l’instant.
Stephen Vincke – Procéder par élimination

Index des nouvelles

Édito

Rebondissant sur les rondeurs mortellement moelleuses de la bouchère  pour contempler le bouillon de onze heures dans les yeux, rencontrant  Chandler en personne et le prof de français, et aussi des princesses  aussi connes que dans Paris Match, une bouffeuse de fœtus, un  dictionnaire victime des temps nouveaux (le presque parfait) et de leurs  néologismes extrémistes, plus un réalisateur réalisant qu’il va mourir  d’injuste manière (mais n’est-ce pas notre sort commun ?), une épouse  avec un mari de trop (mais n’est-ce pas leur cas à toutes ?), une  collectionneuse de maris aimant Mahler pour l’assonance, un serial  killer par simple perfectionnisme, un amateur de pédalo qui tue, un  malhabile découpeur de cadavre, plus un calamiteux mafieux, le lecteur  serait tenté de penser qu’ils en font un peu trop, les potes à Bernard  ici rassemblés. Mais qu’il jette un coup d’œil à l’actualité, et il  reviendra avec plaisir vers ces histoires car elle a rarement l’humour  de nos auteurs, l’actualité, et il est plus rare encore qu’elle se  laisse porter, comme eux, et nous avec eux, par le plaisir de la langue  et l’allégresse à exécuter cette très ancienne et très moderne et très  nécessaire tâche : raconter des histoires.

Les nouvelles

  1. Pas de fumée sans feu - Ingrid Rajaomanana
  2. La Blance - Bernard Hennion
  3. La guerre des mots - Charlotte Richard
  4. Procéder par élimination - Stephen Vincke
  5. Festival - Marielle Septima
  6. Des yeux dans le bouillon - Pascal Martin
  7. Sans titre - Julie Decottignies
  8. Tempus fugit - Léo Lamarche
  9. Une question d'honneur - Géraldine Pfister
  10. Parle pas de mahler - Philippe Vieille
  11. Cissy impératrice - Philippe Aubert
  12. Si seulement cette nuit nous pouvions dormir - François-Laurent Josué
  13. Elles sont connes ces princesses ! - Corine Doche-Cros
  14. Pousses de papyrus - Sophie Dabat
  15. Amour accidentel - Guillaume Ruiz