Boxer dans le vide

Édito

On ne sait pas pourquoi mais c’est ainsi. On entre dans les livres de  Philippe Aubert de Molay en baissant la voix. Un peu comme dans une  cathédrale pour mieux entendre le souffle divin de l’esprit, les chants  liturgiques des hommes de foi mais aussi les coups de burins des maîtres  tailleurs et les cris des ouvriers tombant des échafaudages de fortune.  Mélange de lumière et de pénombre, glissant entre les colonnes froides  pour se poser sur des boiseries aux rondeurs accueillantes et à têtes de  gargouilles. Les nouvelles de Philippe Aubert de Molay sont autant de  petites portes ouvragées que l’on ouvre sur nous même, on s’y retrouve  sans se chercher. On a tout à la fois envie de cacher nos mystères et de  monter en chaire pour louer l’amour et les femmes, pour adorer la  littérature et l'histoire et pour railler la cocasserie de ce monde qui  fait l’important. Quand le tumulte fait place au silence, c'est que nous  sommes au bout du livre. Et l’on pense au bienheureux qui n’en n’a pas  encore ouvert la première page. Nous vient alors comme par magie, le  prénom d’un être cher parmi tous auquel offrir ces belles histoires. Ce  n’est pas de la magie c’est juste le pouvoir ultime d'un auteur entré en  littérature. Vous verrez.