Neuf vies

Si le fantastique repose sur l’irruption (jamais où on l’attend) du surnaturel dans notre quotidien alors nous vivons une époque fantastique. Quand vacillent les lois universelles et les codes sur lesquels est bâti notre monde on a envie de se mettre à l’abri dans les livres. Les heures, les saisons, les habitudes tourbillonnent, vacillent, se réinventent après avoir été précipitées dans le vide des mésaventures incertaines : C’est à ce moment-là que survinrent de curieux phénomènes. D’histoire en histoire se dévoile un troublant petit catalogue de personnages aux prises, en fin de compte, avec eux-mêmes. François Merdrignac nous maltraite en rendant cela plausible. On y croit. Tout est dans le dosage subtile de l’action et de l’inertie, des « pourquoi pas » et des certitudes alarmantes. Le lecteur suit alors le mouvement : il trébuche, il se demande, il écarquille les yeux, il frisonne. Et s’il est assez déraisonnable pour ça, il poursuit à ses risques et périls cette excursion fantasmagorique sur le chemin des neuf vies.